Pitchipoï 5/5

D'après le livre de Ruth Klüger Refus de témoigner

Adaptation et mise en scène de Jacky Katu

Avec Fabienne Babe

 

 

 

 

 Fabienne Babe incarne Ruth Klüger enfant de façon saisissante. Elle semble transmettre l'essence de cet être. Elle donne à voir toutes les émotions qui le traversent en mettant en jeu tout son corps.

 

 Fabienne Babe est impressionnante, poignante. Son incarnation m'a profondément ému. Elle raconte l'horreur des camps de concentration, les interminables trajets en train, avec une lucidité déconcertante. Avec une voix qui interpelle le spectateur, qui fait ressentir le trouble, la peur mais surtout la détermination de cette enfant, son désir de vivre envers et contre tout.

 

 Le combat de Ruth, c'est la célébration de la vie. Un encouragement à ne pas céder. Elle écrit même dans le camp, elle se récite des vers de Schiller pour s'accrocher, pour ne pas sombrer.

 

 Sa vision des choses est sans concession. Son éclairage est très personnel et loin des images d'Épinal. Elle dit son dégoût plus que sa souffrance.

 

 Un spectacle formidable que tous les collégiens, tous les lycéens devraient voir car on ressent tellement d'émotions en voyant ce seule en scène, il ouvre tant de perspectives, tant de questionnements qu'il me paraît indispensable.

 

 Or, se poser des quesions fait partie intégrante du judaïsme. Emmanuel Levinas afffirme même dans Difficile liberté que le croyant ne doit cesser de s'interroger et ce, même au risque de perdre la foi. D'où l'importance du Talmud dans la religion juive, indissociable de l'Ancien Testament, ce qu'oublient nombre d'historiens malheureusement.

 

 Un autre trait qui caractérise la petite Ruth est le refus des idées reçues : elle n'hésite pas à dire le mal qu'elle pense de l'inégalité qui prévaut entre les hommes et les femmes dans la religion, par exemple.

 

 Son récit pourrait s'achever par Lehaïm : à toutes les vies, tant elle est attachée à cette vie si précieuse.

 

 Quand la représentation a pris fin, le cœur me battait très fort et cela a duré de longues minutes.

 

 Jacky Katu a fait un travail incroyable : les chorégraphies montrent l'état d'esprit de la petite, la mécanique implacable qui déshumanise.

 

 Les lumières, les musiques, tout nous emporte.

 

 Je pourrais disserter longuement sur les mérites de ce spectacle mais le mieux est d'aller le voir.

 

 

 

 

Publié le 28 août 2023

Modifié le 29 août et le 31 août 2023

À l'Essaïon.

Jusqu'au 10 octobre 2023